Responsabilité Digitale, une affaire de progrès

Responsabilité digitale, une affaire de progrès

Auteur : Lina Alami

Responsabilité digitale, une affaire de progrès

Le digital représente des opportunités fabuleuses de progrès pour la Société, au sein de l’entreprise, pour les clients et dans tous les secteurs d’activité mais les risques d’une digitalisation mal maîtrisée grandissent, les pratiques opaques se multiplient et une défiance numérique s’installe…

Des initiatives d’alerte se déploient et des nouvelles lois sont votées mais ces réponses restent partielles et morcelées. Des initiatives digitales positives se développent mais elles restent insuffisamment connues et pas assez valorisées.

Dans ce contexte, comment les acteurs engagés pour le progrès peuvent-ils s’emparer des pratiques d’une digitalisation désirable et durable ? C’est de ce questionnement qu’est née l’idée d’une Responsabilité Digitale qui s’inscrirait dans le prolongement de la Responsabilité Sociétale des Entreprises.

LES DOMMAGES COLLATÉRAUX D’UNE DIGITALISATION MAL MAÎTRISÉE

Société & méfiance

  • Face aux algorithmes et à l’IA, les craintes sont élevées : la perte de contrôle humain (63%), la normativité et l’enfermement à travers l’uniformisation des recrutements (56%) et la collecte disproportionnée de données personnelles (50%). Enquête CFE-CGC

Sécurité & confiance

  • Seuls 40% des Français ont confiance dans le numérique. Harris interactive 2017
  • 19 millions de Français auraient subi les conséquences de cybercriminalité en 2017. Rapport Norton by Symantec
  • Les cyber-attaques d’entreprises ont augmenté de 9% en 2017. The Global State of Information Security Survey 2018
  • Les entreprises françaises ont vu leurs pertes financières liées aux cyberattaques augmenter de 50% sur un an. Etude PwC 2017

Emprunte carbone et ressources naturelles

  • Le numérique consomme 10% de l’électricité mondiale, cette consommation augmenterait de 12% par an. ADEME la face cachée du numérique 2017
  • « Une seule transaction en Bitcoin consommerait aujourd’hui autant d’énergie qu’une maison individuelle en une semaine. » motherboard.vice.com
  • La fabrication d’un ordinateur représente 240 kilos de combustibles fossiles, 22 kilos de produits chimiques et 1,5 tonne d’eau. ADEME

Risques psychosociaux au travail

  • « Si les outils numériques sont porteurs d’une amélioration sensible de l’efficacité du travail, ils peuvent aussi conduire à une surcharge informationnelle et communicationnelle contre-productive. » Bruno Melting
  • 64% des actifs occupés déclarent subir des pressions temporelles et autant déclarent avoir un manque d’autonomie et de marges de manœuvre. Deux risques psychosociaux majeurs en entreprise. Dares-Drees-DGAFP-Insee
  • 20% des arrêts de travail seraient liés à l’activité professionnelle (organisation du travail, pratiques managériales, charge de travail, environnement physique…). Etude cabinet Rehalto 2016

UNE TRANSITION DIGITALE INSUFFISAMMENT ACCOMPAGNÉE QUI RESTE A APPRIVOISER

La population

  • La France compte plus de 52,1 millions d’internautes, soit 83,2% des Français de deux ans et plus. Médiamétrie janvier 2018
  • Un Français sur trois déclare avoir du mal à se débrouiller sur Internet. Rapport Crédoc nov 2014 sur la diffusion des TIC dans la société Française.
  • 52% des Français déclarent « ne pas savoir précisément » ce qu’est un algorithmeSondage IFOP pour la CNIL en janvier 2017

Les entreprises

  • 75% des entreprises déclarent avoir défini une stratégie de surveillance et de gestion des cyberattaques mais la plupart ne sont toujours pas prêtes à y faire face.
  • Une entreprise sur deux en France (53%) n’a pas de programme de formation et sensibilisation à la sécurité pour ses collaborateurs. The Global State of Information Security Survey 2018

Les actifs

  • 88% des salariés considère que le digital impacte leur métier.
  • Seuls 23% des actifs estiment avoir été « très bien préparés » à l’utilisation des outils numériques. Bruno Melting -Anact – mars 2016

RESPONSABILITÉ DIGITALE, POURQUOI Y SONGER ?

« Les applications de la science ont fourni à l’homme une maison bien équipée et elles lui apprennent à vivre sereinement. Elles lui ont permis de faire s’affronter des peuples avec des armes cruelles. Elles peuvent encore lui permettre de développer un savoir commun et de grandir dans la sagesse de l’expérience ainsi accumulée. L’humanité périra peut-être dans un conflit avant d’apprendre à manier ce savoir pour le bien commun. Pourtant, dans l’application de la science aux besoins et aux désirs de l’homme, ce serait un bien mauvais moment pour interrompre ce processus, ou perdre espoir quant à son issue. »

C’est ce qu’écrivait en Juillet 1945 – Vannevar Bush – Père fondateur du ‘Memex’, utopie qui deviendra réalité dans la naissance du web. Extrait de l’article ‘As We May Think’ de Vannevar Bush, The Atlantic Monthly, Washington, juillet 1945

TOUT LE MONDE, PARTOUT, TOUT LE TEMPS, TOUT DE SUITE
« les 4 enjeux cibles d’une digitalisation du Monde à mieux interroger ! »

Se questionner sur une Responsabilité Digitale qui s’inscrirait dans le prolongement de la RSE, nécessite d’appréhender les composantes technologiques de la Révolution Digitale (Révolution Digitale entendue comme innovation majeure entraînant les grandes vagues d’innovations qui marquent une étape dans l’humanité). Pour commencer, dressons simplement un rapide tableau des quatre piliers de cette révolution industrielle pas comme les autres.

QUATRE PILIERS : DEUX IMMATÉRIELS ET DEUX BIEN RÉELS

A l’origine de cette révolution, nous pouvons considérer que nous avons deux piliers majeurs mais nous ne pouvons pas leur dissocier leurs aspects matériels :

  1. L’informatique : code en base binaire, organisation des données et calcul
  2. L’internet (dont le web) : moyen de faire communiquer des machines entres elles par des protocoles de transmission de données
  3. Les terminaux matériels d’usage : ordinateurs, smartphones et tout autre objet connecté (9 milliards d’appareils)
    2 milliards de smartphones, 1 milliard d’ordinateurs, 5 à 7 milliards d’objets connectés. Source : La face cachée du numérique, guide (juin 2017), Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie |
  4. Les infrastructures supports (réseaux physiques de transmission, opérateurs et stockage) sans lesquelles la communication entre les terminaux matériels ne pourrait pas s’établir.

Ces industries sont distinctes donc, mais s’entremêlent, et la Révolution Digitale puise sa puissance dans l’enrichissement réciproque de leur combinaison :

  • Plus les terminaux sont accessibles (faciles d’usage et bon marché) et plus les infrastructures sont performantes, plus les usagers (entreprises, individus) connectés sont nombreux.
  • Plus les usagers sont nombreux et plus internet s’enrichit.
  • Plus internet s’enrichit, plus il y a d’informations qui circulent et plus il y a de données à capter, tracer, stocker, organiser et traiter.
  • Plus il y a de données ainsi agrégées, plus il y a de matière pour nourrir l’informatique et les algorithmes.

Ce mécanisme institue, il me semble, le modèle même de la puissance de corrélation des technologies digitales et de leurs interdépendances devenues système unifié : les performances des unes s’appuyant sur celles des autres, en même temps qu’elles s’augmentent mutuellement.

L’ENJEU CIBLE DE LA PERFORMANCE : LA COUVERTURE MONDIALE, PHYSIQUE ET TEMPORELLE DE LA MOBILITÉ DES HOMMES

De cette façon, alors qu’il y a déjà 3,8 milliards* d’internautes dans le Monde, les enjeux de performance de la Révolution Digitale tiennent en sa capacité à s’étendre plus encore en touchant tout le monde, partout, tout le temps et tout de suite. L’enjeu cible étant la couverture mondiale, physique et temporelle de la mobilité des hommes.
*avec des disparités de pénétration de l’internet très fortes entre les zones géographiques : de 88% en Amérique du Nord à 29% en Afrique. www.internetlivestats.com |

Enjeux de performance de la revolution digitale

 

 

 

 

 

 

En moins de 20 ans, la Révolution Digitale a connecté une moitié de la population mondiale, l’autre devrait l’être dans les prochaines années. Sur la même période, la quasi-totalité (98%) s’est équipée d’un téléphone mobile. C’est bien la portabilité de l’accès à internet qui finira de faire de la connectivité le prolongement de chaque être humain.

RESPONSABILITÉ DIGITALE, IL EST TEMPS…

Aucune révolution industrielle n’a été aussi rapide et aucune n’a bouleversé à ce point le monde. Le simple fait que l’humanité soit connectée en permanence transforme le rapport de l’individu à sa propre condition d’être humain.

Dans le même temps, les deux technologies majeures de cette révolution, l’informatique et l’internet, portent deux systèmes de valeurs que tout oppose :

  • L’informatique cadre, analyse, organise, ferme
  • Le web ouvre, décentralise, distribue, communique

Mais le web néanmoins, construit sur l’informatique, enclot ses normalismes, l’enchaînant à des contradictions presque schizophréniques et enfantant des mécanismes fragilisant l’équilibre des individus, des entreprises et de la planète mais aussi déstabilisant la Société Monde.

Dans ce contexte, associer à la transformation en cours, une Responsabilité Digitale s’inscrivant dans le prolongement de la Responsabilité Sociétale des Entreprises, pourrait servir la cause d’une société désirant s’inscrire dans le progrès.

Lina Alami

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